Musique et apprentissage, questionnement
De concerts en concerts... de chefs en chefs... de stages en stages, interrogations d'un électron libre.
Qu'entend-on au juste par musique?
Définition plus que succincte (google): "Art de combiner les sons en obéissant à certaines règles".
On en retiendra l'existence de règles...
"La musique est l'art consistant à arranger et à ordonner sons et silences au cours du temps : le rythme est le support de cette combinaison dans le temps, la hauteur, celle de la combinaison dans les fréquences, etc."
Cette définition est très explicite pour situer les problèmes d'apprentissage de choristes amateurs.
Que sait-on des problèmes d'apprentissage de la musique ?
S'il y a des "styles d'apprentissage de la musique" (Kolb): accommodateur, divergent, assimilateur, convergent, ce peut être le non respect d'un style personnel, de même qu'il y a des types d'intelligence (Gardner) qui déterminent le style d'apprentissage de chacun (PDF sur le net), qui entraînerait des difficultés d'apprentissage.
Conditions de l'apprentissage pour mieux cibler les processus cognitifs impliqués:
- attention et motivation,
- mémoires et imitation/répétition jusqu'à la structuration en mémoire,
- concentration: effort pour mettre en lien et retrouver ce qui a été mémorisé.
Attention:
Passer d'"être" dans le présent, à la "présence" ici et maintenant, implique le choix des informations qui assaillent de l'extérieur comme de l'intérieur, mais l'automatisme participe également à la non-attention.
Motivation:
Deux pistes "l'objet épistémique", le désir d'apprendre, et le mouvement vers cette connaissance. En ce sens l'émotion fait partie de la connaissance. Pour apprendre il faut être "é-mu".
Mémoires:
De la mémoire immédiate qui permet l'imitation, qui permet de répéter 3/4 fois pour disposer de l'information à court terme et d'inscrire un chemin qui va la fixer en une place où on puisse la reprendre encore, la préciser (mémoire de travail) ou l'oublier si ce n'est qu'un exercice, jusqu'à cette place où elle se structure en mémoire à long terme. Ce peut être par le jeu d'autres chemins de mémoire qui combinent les différentes entrées perceptives d'abord, puis d'autres processus cognitifs pour qu'elle puisse être nommée, donc évoquée, ou entrer dans une catégorisation par exemple. Le travail sur les perceptions de base a donc changé leur nature par le travail de renforcement et de signification.
Concentration:
Cela devient la capacité à rester présent jusqu'à pouvoir se servir de cette connaissance ainsi construite et retrouvée sans s'abandonner aux automatismes afin de pouvoir la modifier en la recontextualisant. Ce sera le cas dans l'interprétation d'une oeuvre musicale.
Le cercle vicieux des dysfonctionnements:
Lorsque la mémoire fonctionne mal, que les liens mettent trop longtemps à frayer leur voie, il y a perte du point de départ et l'effort de mobilisation des modalités de traitement a un tel coût cognitif que l'attention ne peut plus être mobilisée et que cette rupture se manifeste par la déconcentration.
L'anticipation de ce coût cognitif est un facteur important de démotivation.
Le "syndrome" "dys"
Le problème central pourrait se rapporter au processus de liage (Binding problem) grâce auquel des percepts dissemblables ou les divers aspects d'une seule et même perception sont intégrés et unifiés (voir article à paraître sur le site SOS Approche de l'interprétation...).
Un exemple de lien: associer sensations visuelles, auditives et tactiles suscitées par la rencontre d'un jaguar à certaines émotions.
Il s'agit de liaisons inhérentes au SNC, dues à l'excitation rapide et synchronisée de cellules nerveuses spécialisées localisées dans des aires cérébrales distinctes.
Discussion sur ce qui peut poser problème sur un plan cognitif:
- rapidité : lenteur du DL
- synchronisation : la quantité d'information et les incessants décalages de leur prise en compte qui se répercutent sur les problèmes de structuration.
Des recherches en cours ,
- du côté de l'imagerie médicale pour l'exécution d'une oeuvre musicale, retenons la présence d'oscillations neuronales fulgurantes - à mettre en relation avec l'intuition peut-être, autre mode de fonctionnement (cf. les sur-doués) tout comme on a pu mettre en évidence des différences de fonctionnement du SNC pour des membres de telle ou telle communauté humaine..
- Les recherches sur la pathologie (en neurologie) ont permis depuis longtemps déjà de mettre en évidence les compétences musicales de l'hémisphère droit. manifeste dans les effets de la musicothérapie qui n'est pas du même ordre que ce soit pour des aphasiques, ou pour des Parkingsoniens. L'entraînement, "l'incitation à" porte ainsi préférentiellement soit sur le langage soit sur l'action motrice.
Manifestations les plus évidentes dans un contexte "dys":
- Incapacité à battre la mesure sans se déconnecter du chant (intonation), et plus encore quand il faut lire sur la partition des paroles impossibles à mémoriser. Ce qui fait avancer ce n'est pas le rythme tel qu'on l'entend, mais un rythme personnel, basé sur une pulsation qui se moque des mesures, mais qui correspond aux appuis qui la relancent.
- Certaines combinaisons se révèlent possibles cependant. La répétition d'exercices, même réussis, est-elle, comme pour Miloud, une voie sans issue au début de l'apprentissage?
D'autres articles vont reprendre ces points qui restent à discuter dans un contexte clinique, à partir de témoignages et de l'évolution de prises en charges. Cette recherche pourra sans doute, par l'effet loupe de la pathologie, permettre de repérer quelques variations de style d'apprentissage chez des choristes amateurs et introduire une recherche déjà amorcée sur le plaisir musical, par une réflexion sur le rôle des émotions.
Le geste d'un chef comme sur l'image ne contient-il pas toute l'interprétation!