Depuis le temps! Handicap et Communication...

Publié le par Jaz

  Je marche dans    "Je marche dans la ville les bras ouverts"  (Merci Alicia de cette mise en mots...)

 

 

  "Depuis le temps"...

 

 

 

 

 

 

 

...m'a reproché mon prof de chant, quand je n'arrivais pas à retrouver une vocalise qu'elle m'avait proposée des dizaines de fois et que je transformais en une autre.

  Evidemment, je lui avais demandé de me laisser faire, a capella, sans le soutien de ce piano tonitruant, non seulement les vocalises dont je critiquais au fur et à mesure ma réalisation, recommençant jusqu'à ce que je réussise à placer la/les notes justes, car telle était ma demande:  

Repositionner la hauteur à partir de mes propres sensations, de mes propres constructions, indispensables pour compenser la non fixation en mémoire du schème...

  Comme si elle n'avait pas compris encore, ou n'écoutait jamais ce que je lui expliquais à chaque fois ou presque, que je ne pouvais "automatiser" quoi que ce soit "comme tout le monde".

 

Nous étions retournée au temps de "dyslexie - communication - neurones miroirs?" et du grand clash...

 

Et pourtant. le temps n'était pas si loin, l'été dernier, où d'un commun accord, le chef et le prof de chant du stage m'avaient dit "surtout ne change pas, reste comme tu es", alors que, dans une escapade privée j'évoquais mon sentiment de ne pas arriver à être, faire, comme les autres.

C'était évident comme cela l'est encore, pour moi comme pour les autres, je parle et analyse trop, au point que, le lendemain, après que j'ai donné mon point de vue sur le concert que nous venions de faire et répondu à l'inquiétude de certains à l'égard du second qui nous attendait, une voix a fusé "tu devrais être chef de choeur", et tout le monde ayant éclaté de rire, j'ai protesté que cela ne risquait pas de se produire.

 

A la rentrée, après un autre stage où j'avais eu ce sentiment de décalage (voir ci-dessous) encore plus fort, lorsque j'en avais fait part à ce même prof en lui demandant que faire, bien qu'elle ait eu des plaintes de choristes à mon sujet, elle m'avait assurée qu'elle me défendait toujours et avait repris la formule "reste comme tu es, surtout ne change pas"...

 

Mais là, à ce cours de chant, plus rien ne tenait. Elle s'est mise en retrait avec sa chaise, vers la fenêtre, ne revenant au piano que lorsque je le lui demandais, agacée, ne comprenant pas que je puisse ne pas identifier ce qui aurait du être listé dans ma mémoire: les séquences de notes des vocalises qu'elle voulait bien accepter de me réactualiser le cas échéant, car elle n'en intègre de nouvelles que pour mieux s'adapter à mes difficultés et me faire progresser.

 

Le discours changeait du tout au tout. Pour l'essentiel de la discussion que j'ai imposée en quelque sorte, j'avais pris le "pouvoir", sur deux plans,

- à quoi pouvait-elle servir?

- c'était à moi de m'adapter au groupe...

Deux points qu'il me semble utile de discuter dans le cadre de la compréhension d'un handicap portant sur un trouble de l'apprentissage.

 

J'ai tenté de lui expliquer que, si j'étais capable d'entendre et d'identifier mes erreurs du point de vue de la justesse, j'avais besoin d'elle pour me réorienter si je ne trouvais pas moi-même comment retrouver mes marques en enchaînant moi-même des vocalises, difficilement retrouvées. Elle était pour moi non selement une référence mais comme un miroir sonore bienveillant.

 

Une disqualification

Elle m'a répondu en terme "d'autonomisation" réussie, sans réussir à comprendre ce que je cherchais en prenant des cours, si je n'en respectais pas la démarche en suivant ce qu'elle proposait... Un cours c'est un cours. En effet l'horreur absolue pour elle dans ce à quoi elle assistait, c'est que j'allais chercher mes notes avec de grands mouvements aberrants (cf. la recherche des syncinésies et en particulier de ma pulsation), en dehors du "vrai" rythme métrique (le plus souvent), et sans le coordonner à la respiration (complètement anarchique). "The binding problem" qu'elle ne peut admettre, même si j'ai tenté de le lui faire comprendre. Tout se passait comme si le travail de mettre en place cette coordination qu'elle avait essayé de faire autour de la voix, par la répétition et l'imitation, était annulé dès que je prenais la main. Je le reconstruisais à ma façon et cela a marché.

 

Nous avons discuté, une fois de plus, dyslexie, adaptation, et rappelé mon problème d'intégration au groupe, car il est évident que c'est à moi d'assumer ma différence en me coulant dans le moule des autres, dont celui du prof! Oublié, dans ce moment de crise, le "surtout ne change pas" de quand elle m'avait baptisé "électron libre".

 

UN MONDE DÉCALÉ

  • Problème de relation 
  • À l’autre
  •  Au langage

Problème de COMMUNICATION

Problème de RECONNAISSANCE (fin d’un témoignage sur le site)
INSÉCURITÉ PERMANENTE
CONSTRUIRE – COMPRENDRE
? CRÉATIVITÉ ?

 « Parcours d’un dyslexique :sans issue ? »

 “Attention, mémoires en tout genre (sauf la  mémoire de travail qui ne l’implique pas),

observation et organisation des données, je n’arrête pas de « penser »… autrement peut-être que ce qu’on entend par « penser »”.

(Extraits du poster en lien pour l'adaptation).

 

Et bien sûr, la fois suivante, tout était oublié et... je réussissais enfin à chanter un air que nous travaillions depuis près de deux ans... elle me proposait de participer à "une audition", me trouvant prête car, pensait-elle, cela permet d'avancer...

J'avais refusé jusque là, sachant que je ne pouvais apprendre, mais là j'ai presque réussi, à force de le travailler, de mille façon pour les paroles, avant le clash, mais cela n'avait pu suffire pour s'intégrer à la mélodie enfin conquise avec force repères de discours intérieur réactualisés à chaque fois, sauf la justesse que j'avais voulu travailler "à ma façon". Chanter seule devant un public ne me tente guère, mon plaisir est de réaliser, pour son harmonie, une "grande oeuvre classique", mais j'y vois un passage obligé pour m'intégrer un peu mieux à "ce" groupe.


Une autre fonction du "regard de l'autre",

de la fonction de reconnaissance du "miroir" à celle de la bienveillance d'un "soutien" adapté.

Publié dans Musique

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