Représentation de soi et dessin (trisomie)
AUTOPORTRAIT et MODELE INTERNE
(Le Handicap en question)Artus (20 ans) est devenu un homme. Il n'a plus le faciès qui stigmatise le mal dont il souffre "moi humain handicapé trisomique". Son dessin témoigne de ce qu'il s'efforce de réaliser: l'ovale du visage! On est loin du schéma préformé qui prévalait il n'y a pas si longtemps!
Son expression semble changer. Pendant qu'il dessine cet ovale avec force tatonnements, la bouche est entrouverte certes, mais "normalement" tonique. Ses commentaires relèvent tout autant d'interjections (commentaires d'action) que de précisions sur ce qu'il dessine adressées à l'autre (dénomination)....
Je pensais d'ailleurs reprendre, dans cet article, l'évolution du "bonhomme" depuis qu'il s'est lancé dans les autoportaits.
Mais... la semaine suivante, il arrive avec l'autoportrait ci-dessus sur une feuille à dessin, tout triste et je décide de l'interviewer.
"Les jeunes de ma cité ont dit qu'il était moche. Il n'est pas moche, il est beau. Il est bien rasé". (Il passe alors spontanément au "je").
"Je suis beau, même, je suis pas crade.
Arrête de râler avec moi. Des gens qui m'agacent. Moi je suis tout habillé bien... J'ai une tête d'ange".
ARTUS VOUS DEMANDE CE QUE VOUS PENSEZ DE SON PORTRAIT.......
Laissez un commentaire, cela réconfortera Artus,
car je lui ai montré le début prévu pour cet article. Nous avons discuté du "pseudo" que j'utilise pour le représenter. Il voulait son nom, puis a compris l'intérêt de ne pas le mettre sur Internet, au point de l'effacer sur son dessin au moment de repartir avec, dans une chemise et un sac pour ne pas attirer l'attention.
Il me semble que cette expérience lui a permis de faire un grand pas du côté de la représentation de soi-même.
Tout se passe comme si, alorsqu'il se montre soucieux de se reconnaitre dans les moindres détails de ce qu'il dessine, (ne nous donne-t-il pas les clés de ce qui, en plus des lunettes et des traits du visage, le représente), le fait d'avoir un "pseudo" lui permettait d'établir une distance entre ce qui est sa réalité même et l'image qu'il en réalise. Un espace pour ne plus adhérer à sa matérialité...
Je reprendrai donc l'évolution de ses dessins dans un prochain article ici-même ou sur le site, Artus a besoin de paroles de réconfort et je ne sais pas tricher en les écrivant moi-même.