Musique et notes : l'apprentissage en question?

Publié le par Jaz

  A quoi peut bien servir de savoir lire les notes de musique ?

La question restera sans réponse car il s'agit d'une question ouverte. Ouverte par les difficultés mêmes qu'on peut rencontrer dans cet apprentissage.

Une première orientation relève du fait qu'il s'agit d'un apprentissage.
Il y a la théorie et ce qui se passe quand elle sert de support aux méthodes proposées.
S'il y a difficultés d'apprentissage, il s'agit peut-être de s'adapter aux capacités de l'apprenant ce qui va à l'encontre de la théorie de l'apprentissage qui veut que l'apprenant apprenne du fait même d'apprendre dont deux clés seraient:
-répéter pour inscrire,
-imiter un modèle.

C'est bien ainsi que vous avez appris! non! C'est bien ainsi que vous avez inscrit ce que vous aviez appris quelque part pour vous en servir pour faire autre chose avec ce que vous aviez appris, tel qu'il avait été appris. Car il y a différentes façons d'apprendre et que ce "savoir" peut être:
-temporaire, Manu* apprenait le temps de réciter, puis faisait le vide pour mémoriser autre chose
-enfoui quelque part mais irrécupérable car sans fil d'Ariane de quelque nature qu'il puisse être (contextuel et émotif le plus souvent).

  Mais pour la musique? Il est tellement plus simple d'apprendre d'oreille, de suivre le mouvement des yeux sur une partition.
Que viennent faire les notes, est-ce vraiment utile?
La situation est différente de celle des lettres qui ouvrent à la lecture de l'écrit? Rien ne sert de répéter des suites de phrases si nous n'y comprenons rien, nous semble-t-il. Et pourtant certains enfants des écoles coraniques auraient appris  ainsi à lire l'arabe. Pas seulement les versets qu'ils ont récités car l'association de l'entendu, vu (lu?) répété semble créer des liens qui permettraient au système de la langue de s'inscrire.
Pourquoi cela ne se passerait-il pas pour la musique? On peut jouer d'oreille, Mais ce sera nécessairement limité, il faut accéder à la lecture d'une partition... Le témoignage de Jean-Michel S,, musicien, nous le dit bien pour son fils Clément (cf, le commentaire dans Langage)

            Chronique d'un groupe de choristes

Nous avons lancé une expérience avec un groupe (ouvert, car il s'élargit) de choristes volontaires, nouveaux et anciens... ce blog rendra compte de nos tentatives d'arriver à, non pas apprendre le solfège en tant que tel, mais se repérer dans ce qui est important pour chanter "en suivant le chef", en comprenant ce qui ne va pas dans ce qu'on fait, en l'entendant comme tel.
Le nom des notes reste une base nécessaire mais non suffisante.
Il suffirait d'arriver 1/2 heure avant la répétition, ce qui n'est pas si simple. Il serait utile de travailler un peu entre deux... mais le temps de tous est compté et il n'y a pas de "leçon" à apprendre.
Car chacun est différent. Pour l'une, il semble qu'elle ait échappé à l'enseignement de base de l'école, d'autres l'ont oublié, une autre ne peut ne pas passer par le solfège chanté... Bref, une seule a du apprendre la suite du nom des notes (en montant la gamme) et c'est de là que nous sommes parti(e)s (un homme risque de se joindre à nous, d'où, provisoirement, le féminin).

                         Les notes, préparation à leur lecture


Quelques principes retenus de mon expérience d'apprentissage avec Jean-Michel (le choriste tenor)  En avant la musique...  guident nos premières rencontres:
 
1) Favoriser l'autonomie des unités d'une liste.
- premier "exercice", la dire à l'envers (en descendant), en dérouler deux à la suite
- introduire immédiatement les listes intermédiaires, à la tierce (bases pour la lecture de la portée) do mi sol si et repartir do la fa ré. C'est là qu'intervient la facilitation qu'apporte le point suivant.

2) Aider la prise de repères visuels (en clé de sol).
- Différencier les lignes de la portée en se référant aux cinq doigts de la main.
Il parait que ce n'est pas nouveau, mais ce n'est pas une aide ponctuelle comme quelques gestes qui figurent les lettres en début d'apprentissage de l'écrit.
C'est un support qui sert de référence pour retrouver les notes qui n'ont pas encore acquis leur autonomie dans les listes qu'on retrouve ainsi. Si on peut placer le nom de chacune au bout du doigt ou dans le creux, il devient nécessaire d'introduire également le principe de lignes supplémentaires d'abord en dessous (le do).
Pour construire ce repérage, on tient sa main gauche posée verticalement face à soi, on commence par nommer chaque doigt, "mi sol si ré fa", en partant du bas, donc du petit doigt, pour monter la gamme, tout en prononçant mentalement le nom de la note intermédiaire dans la liste (dans le creux entre les doigts) si on n'arrive pas à le faire directement...
- Poursuivre la consolidation de cet apprentissage en dictant des notes et c'est là qu'intervient l'éclairage des difficultés que
Jean-Michel a rencontrées, confronté à l'ensemble des notes de la gamme.
Dans un premier temps on dicte l'ensemble des notes qui correspondent aux lignes, dans l'ordre, puis en désordre, mais prudemment car..., dès qu'on sort de la liste, tout comme pour un dyslexique avec la langue écrite, il faut limiter le nombre d'éléments à "travailler" à 3.
Lorsqu'elle se sera inscrite en sautant une note, dans une montée, en redescendant d'une ou de deux etc... dans la dictée, on pourra passer à une note en creux, en commençant par le bas de la portée, deux lignes donc (le fa), et s'assurer qu'un repérage s'est effectué de façon sûre avant d'introduire un nouveau nom.
L'étape suivante partira de la ligne supplémentaire inférieure, le do du bas (en clé de sol) qu'on dessine avec un geste du plat de la main droite qui dessine cette ligne, facile car déjà repéré, ce qui introduit le ré (l'index droit se place sous la tranche de la main gauche)... Se rappeler que le la est quasi systématiquement confondu avec le fa, la limite sera donc sol et permet de repasser par la liste "do ré mi fa sol".
L'étape suivante repartira des notes sur les lignes en introduisant les nouvelles notes apprises, reprenant les notes dans l'ordre pur réactualiser les lignes partielles apprises avant de redonner les notes dans un désordre structurant.

Il est évident que nous avons déjà posé quelques bases d'autres notions de solfège car nous fonctionnons dans le dialogue et ce peut être en lien avec une indication au cours de la répétition:
la clé comme repérage de la ligne de la note dont elle porte le nom (du coup nous avons introduit la clé de fa pour comprendre le principe du placement relatif sur telle ou telle ligne de la portée),
- la valeur des notes les plus courantes, croches, noires, blanches (la ronde viendra à l'occasion d'une rencontre sur une partition étudiée, de même que les doubles croches ou les variations de mesure),
- les altérations (est-ce le terme canonique?)
(dièzes et bémols) ont été mises en lien avec la gamme chromatique (un mini piano sur un ordinateur portable, téléchargeable gratuitement, sert de support aux démonstrations) et sera repris en solfège chanté dans une prochaine réunion.
(à suivre)

DISCUSSION

Dans les articles précédents, catégorie musique (cf. le premier déjà cité et   En avant la musique (suite) , certains liens ont renvoyé à des articles où les difficultés d'apprentissage de la lecture
des dyslexiques, pouvaient se retrouver dans l'apprentissage de la lecture de notes. La lecture implique la mise en jeu de certaines compétences cognitives, en particulier lorsqu'elle implique un apprentissage explicite link .

Je me suis toujours étonnée du fait que de nombreux choristes en restent à apprendre d'oreillle, s'aidant de la ligne visuelle, sans aller plus loin que quelques !! ou dessins analogiques, se guidant sur les voisins le cas échéant, sans que tous ces mots prononcés prennent sens.

Je fais l'hypothèse qu'un minimum de compréhension de quelques données de base  favorise le travail du chef, pour que chacun entre en relation avec l'oeuvre travaillée dans une approche qui permet de respecter les contraintes du "texte" écrit, afin de mieux réaliser l'interprétation que l'ensemble du choeur va proposer aux auditeurs lors du concert.

J'imagine que cela peut aider également, dans la démarche proposée, à "entendre" ce qu'il fait en s'analysant a minima,  et soutient le travail de placement de la voix et de justesse et/ou du désir de se perfectionner. Les "neurones miroirs" ont peut-être des limites...

L'expérience de plusieurs choeurs et de ce groupe en particulier m'a montré que chacun a sa façon d'apprendre mais que certains sont en quête de plus de sécurité.
Certains peuvent apprendre le solfège comme on l'enseigne, d'autres n'ont pas la disponibilité nécessaire, que ce soit
mentale (un apprentissage différent) ou dans le temps à y consacrer, pour passer par un travail basé sur la répétition. Ils réservent leur énergie à apprendre leur partition en priorité pour la mémoriser.

Jaz

PS N'hésitez pas à laisser un commentaire, apporter votre propre expérience, vos suggestions...

Publié dans Musique

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