Dessin: construction d'une forme de représentation (suite)
De l'intuition globale d'une forme à la perception de ses détails ....
jusqu'à la mise en contexte.
Avant-propos
Pour Babar (9-10 ans) comme pour le château fort (14-15 ans), Yann nous propose une illustration de la façon progressive dont se construit l'objet pour lui en tant que représentation "figurable".
Un article présente sur le site l'évolution de ses premiers dessins de façon globale. On trouvera ici des dessins intermédiaires qui situent le retard important de son évolution.
Parmi ces dessins, la réalisation au tableau d'une autre approche de cette construction progressive de Babar dont il m'a apporté les dessins réalisés pendant les vacances, n'est pas sans évoquer pour moi le premier dessin du pirate réalisé sans modèle de l'article précédent réalisé à 17 ans.
Comme tous les garçons que j'ai pu suivre, il est passé par le dessin du château-fort et la reprise de celui qu'il m'avait apporté (voir ci-dessus en tête d'article), l'a fait le réaliser en plusieurs temps également dans un souci de contextualisation.
Cette réalisation de Babar, difficile à percevoir de par la réverbération du flash, nous montre une forme contenant tous les détails de la tête grossièrement évoqués au feutre rouge, englobée dans une forme contenant le corps et les pattes. Il a même ajouté la queue tout en bas.
Il m'a amenée à lui proposer de travailler d'après modèle, à la rentrée des vacances où il avait fait deux séries, où l'on voit se mettre en place, tout comme dans l'évolution du bonhomme chez l'enfant, les différents éléments constitutifs de la représentation figurée d'un éléphant.
Babar 1er essai : on voit se préciser la trompe, l'oeil et la queue. Cette dernière n'est plus apparente quand la trompe se détache.... la place des pattes est marquée.
Les pattes apparaissent. Il va y avoir une autre série de 2 dessins seulement: La trompe se détache à nouveau, la queue apparait... mais comme pour l'acquisition du bonhomme certains détails disparaissent comme l'oeil dans le dessin suivant.
C'est alors que je lui propose de travailler sur le chevalet avec le modèle du Babar qu'il aime beaucoup, en relation avec la travail sur le schéma corporel.
Cette étape l'a sûrement beaucoup aidé pour qu'il puisse réaliser ses "portraits" proposés dans le ppt. Yann avait donc 9-10 ans au moment de cette évolution.
A 13 ans, il dessine un arbre fruitier, classique mais solide, équilibré
un bateau avec des voiles triangulaires.
L'année suivante, il apportera, triomphant un "bonhomme" qui lui ressemble avec ses lunettes.
Il s'inscrit dans une position centrale dans l'espace de la feuille.
A 14 ans son imaginaire fonctionne à l'image des enfants de primaire et il réalise un château (il l'avait construit au préalable sur un cahier de jeux de symétrie) en plusieurs temps. Le dernier, celui du titre, le plus complet, a été réalisé ultérieurement, pendant les grandes vacances. On voit le fossé, il repose sur un sol (cf. l'herbe) et la forme de cet ancrage montre un souci de composition plus que de réalisme.
Entre le 1er et le 3e (avec pont-levis), Yann a éprouvé le besoin de "contextualiser" son dessin, le faire habiter avant de retourner à la forme pour y introduire une porte relevée. On peut imaginer qu'ils sont tous entrés.
Globalité et analyse, prise en compte des éléments qui composent la forme, pourraient renvoyer à des modes différents de perception de la réalité, pour se l'approprier dans le champ des représentations mentales: intuition de l'hémisphère droit, analyse du gauche...
Ce n'est qu'une hypothèse de travail avec les dyslexiques mais ces dessins de Yann semblent en relever.