Langage et mots croisés Yann (Trisomique)

Publié le par Jaz

Travail de langage préalable
Travail de langage préalable

Travail de langage préalable

La séance suivant celle de la présentation de ce nouveau support de travail, Yann arrive avec la grille tout juste commencée.

Pourquoi ce deuxième article? Il s'agit pour sa mère de reprendre la main sur le mode d'emploi du livret. Yann s'en tient à une activité de recopiage. Sa mère veut qu'il trouve le mot à partir du nom en l'écrivant alors qu'elle lui dit la syllabe dans sa démarche habituelle d'étayage de l'écrit. Elle a essayé de le faire travailler, il allait toujours chercher à la fin du livret comme nous l'avions fait d'ailleurs ensemble pour l'aider à trouver ceux qu'il connaissait moins et n'arrivait pas à écrire.. Elle est fatiguée et le conflit se résout par un geste d'exaspération pour fermer le livret, ranger le tableau de référence des lettres pour faire les sons, en tapant sur la table et la réponse de Yann est de jeter violemment le crayon. Ce n'est pas la première fois que cette situation se produit, et nous avons déjà du renoncer à travailler quand Yann ne veut rien entendre.

Le nouveau titre apporte la réponse à la question qui se pose, comment changer la façon de "travailler" avec ce support pour que Yann puisse améliorer son "langage"?

Les mots à trouver ne sont pas seulement ceux d'une liste mais appartiennent à des objets de l'environnement de Yann, dont les connaissances lexicales sont d'autant plus réduites en "expression" qu'il a toujours beaucoup de difficulté avec les mots de plus de 2 syllabes. Il n'en était pas là à l'âge où ce lexique s'acquière par un travail dit de "langage" pour ceux qui présentent un "retard".

À PROPOS DE L'ÉTAYAGE (cf. LA ZONE PROXIMALE DE DÉVELOPPEMENT (VIGOTSKY)
"Il s’agit donc, pour l’adulte, de s’adapter à l’enfant en formulant des hypothèses en fonction des premières interactions de la situation etc... mais aussi en fonction d’un savoir implicite qu’il a sur cet enfant, sur le fonctionnement psychique en général, et de la connaissance d’autres modèles favorisant l’analyse des corpus recueillis."

DIALOGUE ADULTE ENFANT dans l'interaction thérapeutique

Les contextes

Les contextes

Travail de Langage préalable

OBJECTIF : Construire le lexique de base, en contexte.

'Montre-moi ce que tu as fait'.

Yann n'a inscrit que 2 ou 3 mots dans la grille. Le travail de "langage" va commencer.

'C'est la page de quoi? Reformulé en "situation" Comment s'appelle la pièce?'

-"salle de bain"

Nous nous centrons sur l'image globale qui permet de contextualiser les mots de la grille.

- 'Tu as mis quoi comme mot' (à montrer sur l'image globale donc)

- "savon

- 'il est sur quoi?' ( actualisation des outils grammaticaux de base sur/sous/dans/à)

Silence amenant une reformulation de la question:

'Comment ça s'appelle là où il y a les robinets?'

- "(en aparté car c'est son nom de famille que je viens d'évoquer) Toujours le nom de ma famille oh la la lala! (Excédé)"

Je donne le nom qu'il ne doit pas utiliser (sa mère l'appelle autrement): 'lavabo'

Il répète à mi-voix "namabo". Je le lui fais travailler en répétition avec gestes de ma part à l'appui pour les consonnes.

De lui-même il montre : "là... brosse... " (entrée déictique)

- 'Non, pas tout à fait' et on précise 'brosse à quoi?'  

- "dents" (il ne reprend pas le à. on reprend la mise en place du mot composé: geste des consonnes à l'appui + le geste de la main ouverte pour renforcer le à en 2e syllabe.

Il se dépêche de changer de sujet et dit de lui-même

- "dous" (douche)

puis il précise un élément qu'il reconnait et il marque cette reconnaissance en le précisant

- "peigne c'est ça"

- "chien"

'd'habitude pas dans salle de bain'

- "suillette" (serviette)

Nous travaillons la prononciation en 3 morceaux avec les gestes Borel. En l'écrivant de surcroit : ser (point sous le r vi ette

- "gant il est là"

- "et là seau " (verre)

je me moque gentiment 'tu bois dans un seau?' et lui demande 'où est la serviette' en ajoutant 'de toilette?'

-"table" (tabouret)

Je lui rappelle le début de la séance : 'tu enlèves le tabouret et tu mets le tien'. 'Tu te rappelles?'

Je mime aussi sur la table l'éponge pour nettoyer:

-"ponge"

Il répète la correction -" é-ponge"...

La saturation est là, il veut absolument me montrer le nouveau livre (un N° de Youpi) sur lequel il s'essaie à lire avec sa mère. Il y aura donc une séquence de détente et d'expression spontanée  en regardant l'image du livre avant de revenir à l'inventaire de la salle de bain.

Langage et image
La démarche de Yann a d'abord pris en compte les mots et les images isolées de l'autre page pour inscrire 3 mots avant de venir (repères numériques pour les situer).
Il fera la navette d'une page à l'autre au cours du dialogue de ce corpus jusqu'à ce qu'il cherche directement sur l'image, objectif que je m'était fixé : il l'indique par "il est là" pour le gant et enchaîne "et là" seau. Il utilise donc une autre entrée pour identifier le lexique que celle du mot écrit ou de l'image qui le représente isolé ("vu" sans être nécessairement "lu", identifié par le lettre à lettre en quelque sorte).
Pour que ce lexique s'inscrive dans son expérience personnelle et non, seulement, dans l'identification de l'image lorsqu'il ne le prononce pas bien, j'utilise des évènements récents, en particulier le mime, sans penser pour autant que cette démarche suffira à l'inscription du mot dans son lexique. Toujours ce problème de "parole". .

Langage et parole

Autour du seigneur et du moyen-âge.

Autour du seigneur et du moyen-âge.

Sa mère a utilisé le texte en lui faisant repérer certaines graphies de  voyelles qu'ils étudient. Il "raconte (dénomination) et commente".

- "Chopper"

Sa mère précise 'Pas dans dessin animés. C'est comme le papa de Bambi, plus ou moins. ça ressemble à Chopper' et  insiste,'mais c'est pas lui'.

-" je connais mais sais pas son nom"

Je différencie nom et prénom et lui dis cerf.

Sa mère lui fait lire dans Tom et Nana

-"c'est princesse"

Sa mère lui demande son nom et le lui fait lire

-" é-me-line"

- "c'est lui la princesse"

Je l'arrête, et contextualise 'elle'.

A la page des devinettes (paires),

- "Ah oui, c'est épée"

de qui?, il  lit

-" Le roi ar-cho" après explications, Arthur.

"Il est là le roi Arthu, za raison c'est lui".

Mère : il va falloir que tu fasses le découpage pour construire le château. Et puis... la maison des oiseaux..

- "l'épée, c'est ça".

Sa mère sort on entend au loin 

- " qui dit ça? punaise ? C'est M* "

et nous revenons aux mots croisés

Le passage à l'écrit

 "tabouret", on passe à "ta - pis" (j'explique tapisserie pour le s final)

dentifrice pas dans boite dans T B , il lit tubrosse.

Il n'a pas intégré le é de éponge, il a du mal à trouver le p, pour on montre an sur le tableau des lettres pour faire les sons. Je montre le g sur le tableau, le nomme. Il faut recommencer pour serviette. Bref rien n'est encore "acquis". Comme il le dit souvent :

"c'est pas gagné."

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